Jean-Paul de Dadelsen est né le 20 août 1913 à Strasbourg, capitale de l’Alsace alors annexée par le Reich.
Il a passé les 13 premières années de sa vie au « 's Schlessel » (le petit château), à Muttersholtz, près de Sélestat. Son père était notaire, luthérien pratiquant d’origine allemande.
Jean-Paul de Dadelsen fit ses études à Hirsingue dans le Haut-Rhin. Reçu premier à l’agrégation d'allemand, il devint professeur de lycée. Il traduisit plusieurs auteurs de langue allemande : Keyserling, Kassner...
Officier parachutiste en 1942, dans les Forces Françaises Libres, puis correspondant étranger de Combat, le journal de son ami Albert Camus. Conférencier de talent, conseiller d’organisations européennes et internationales, en particulier à l'Institut International de la Presse de Zurich, il brilla par son charme et sa culture.
Ce n’est qu'en 1952, à 39 ans, qu'il commence vraiment à écrire. En 1955 paraît son premier texte, Bach en automne dans la Nouvelle Revue Française n° 35 . Puis, en 1956, paraît L’invocation liminaire de Jonas et d’autres poèmes dans Les Cahiers des Saisons et, en 1957, La dernière nuit de la pharmacienne et d’autres poèmes dans Preuves.
Il meurt à Zurich d'un cancer au cerveau, à quarante-quatre ans, le 22 juin 1957.
Jean-Paul de Dadelsen a épousé Barbara Windebank, fille d’un officier de la marine britannique. Leur dépouille reposait dans un cimetière de Zürich. En 2012, la concession arrivant à son terme, les deux filles Anne et Alice - qui résident actuellement en Angleterre et aux États-Unis - ont fait don de la stèle qui viendra orner une place au centre du village de Muttersholtz,pour le centenaire de la naissance du poète en 2013. Cette stèle représente la queue d'une baleine, en référence à son premier livre publié "Jonas". Les noms de Jean-Paul et Barbara de Dadelsen Windebank y sont gravés.
Les paysages du Ried alsacien ont irrigué l'oeuvre de Jean-Paul de Dadelsen. Le Ried lui rend aujourd'hui un grand hommage et de nombreuses stèles et plaques lui font honneur. A l’entrée de Muttersholtz, en venant d'Ennwihr, panneau en l’honneur du poète, sur un sentier de découvertes du Ried. Une plaque commémorative a été apposée par la commune en 2007 sur la maison natale « 's Schlessel », à l’occasion du cinquantenaire de la mort du poète. Elle est située rue de Hilsenheim à Muttersholtz.
Le collège de Hirsingue porte le nom de Jean-Paul de Dadelsen.
PUBLICATION(S)
Jonas, recueil de poésies, Gallimard
Goethe en Alsace, éditions Le temps qu’il fait Postface et notes par Baptiste-Marrey. Poèmes, critiques, causeries, nouvelle, inédits ou retrouvés de l’auteur de Jonas. "La langue de Dadelsen (1913-1957), profondément moderne, l’a fait considérer comme un des très grands poètes de ce siècle."
Dans la préface de Jonas, Henri Thomas disait : «Il ne vient à la suite de personne, écrit Henri Thomas ; il ne cadre avec rien dans nos Lettres, ni terroristes, ni rhéteurs n’y trouveront leur compte. Nous risquons toujours d’oublier que le génie poétique se moque de nos conformistes errances. S’il nous frappe à l’improviste, ce n’est pas qu’il veuille nous surprendre; à nous de comprendre qu’il EST».
AUDIOVISUEL(S)
Poème de Jean-Paul de Dadelsen dit par Yasmine
EXTRAIT(S)
J’ai connu jadis les jours de marche, les ormes vers le soir énumérés De borne à borne sous le soleil chromatique, L’auberge à la nuit où fument quenelles de foie et cochon frais. Jadis à libres journées j’ai marché jusqu’à Hambourg écouter le vieux maître. Haendel en chaise de poste s’en est allé Distraire le roi de Hanovre ; Scarlatti vagabonde dans les fêtes d’Espagne. Ils sont heureux.
Mais à quoi serviraient les pédales des orgues, sinon À signifier la route indispensable ? Sur ce chemin de bois, usé comme un escalier, chaque jour, que ce fût Sous les trompettes de Pâques ou les hautbois jumeaux de Noël, Sous l’arc-en-ciel des voix d’anges et d’âmes, De borne à borne répétant mon terrestre voyage, j’ai arpenté La progression fondamentale de la basse.
Au-dessus de la route horizontale par où les négociants partent non sans péril Marchander aux échoppes de Cracovie les perruques, les parfums, les peaux apportées des éventaires de Novgorod, Seule l’alouette s’élance dans la verticale divine. Avant qu’à la suite de son Soleil Hors de la tombe, de l’ordre, de la loi, l’âme éployée ne parvienne à jaillir. La terre apprise avec effort est nécessaire.